Si la belle ville d’Edirne est connue par les touristes notamment pour sa magnifique mosquée de Selimiye signée par l’architecte ottoman Sinan, elle attire aussi tous les ans en juillet des amateurs et journalistes du monde entier pour le Festival de Lutte à l’Huile qui se tient à Kırkpınar au nord de la ville.
Cette année, c’était la semaine passée (programmation un peu décalée par rapport au calendrier habituel en raison de la fête du Ramadan) que s’est tenu la 655ème édition, excusez du peu !
Une des versions quant à l’introduction de la lutte à l’huile (yağlı güreş en turc) dans cette région remonte à l’époque de Süleyman Paşa, fils d’Orhan Gazi qui part à pied en 1346 avec 40 soldats en direction de Domuzhısar lors de sa traversée de la partie européenne actuelle de la Turquie. Ils font une pause sur les lieux de l’actuel site de Samova en Grèce et c’est là qu’une première compétition de lutte, héritage des jeux de l’Antiquité, aurait eu lieu.
Par la suite, lors des fêtes d’Hidrellez pour accueillir le printemps, un autre rassemblement de lutteurs se tient dans le village d’Ahıköy près d’Edirne. Ils s’affrontent le jour mais aussi la nuit à la lueur de bougies et de lampes à huile. En hommage au premier tournoi engagé par les 40 soldats, le lieu va prendre quelques années plus tard le nom de « Kırkpınar » car un lutteur vigoureux est aperçu en train de visiter les tombes de deux lutteurs enterrés là.
Une autre version évoque l’origine bulgare de cette compétition reprise par Sarı Saltuk.
C’est seulement à partir de 1923 que le Festival va se tenir dans un quartier d’Edirne « Sarayıçı » qui reçoit ensuite l’appellation de « Kırkpınar ».
La compétition attire aujourd’hui des dizaines de milliers de spectateurs et les festivités durent presque une semaine.
En ville, il n’est ainsi pas rare de croiser en fin de journée ou le soir venu les lutteurs de tous âges qu’on reconnaît à leurs tee-shirts et à leurs muscles aller prier dans la mosquée de Selimiye.
Devant la mairie d’Edirne ainsi que dans les rues du centre, concert de tambour et de zurna (flûte traditionnelle utilisée dans le cadre de l’animation de cette fête) ainsi que défilé des musiciens avec les autorités locales sont organisés avant les trois jours de lutte officiels.
Les combats sont précédés de la prière des lutteurs avant que les hommes, habillés d’une culotte en cuir de vache et couverts d’une épaisse couche d’huile d’olive, ne commencent à s’affronter.
Les meilleurs lutteurs recevront le titre de pehlivan, mot d’origine perse signifiant “héros” et qui leur est attribué et le titre suprême de başpehlivan (héros en chef) est un honneur extraordinaire pour celui qui a le privilège de le recevoir.
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