Après avoir découvert dans le précédent billet la jolie cité balnéaire de Sinop située au bord de la Mer Noire, c’est le site le plus visité de la ville que nous vous emmenons aujourd’hui, en l’occurrence la prison-musée.
Celle-ci couvre une superficie d’environ 13 000 m² et se trouve à l’intérieur de la citadelle érigée par le sultan Izzettin Keykavus en 1214 pour commémorer l’acquisition de la ville par les Seljoukides. C’est en 1560 que furent emprisonnés dans un des bastions des lieux les deux premiers individus, accusés d’avoir procédé à un pillage lors d’un soulèvement.
En 1882, la partie intérieure du château, qui a entre-temps aussi servi de chantier naval, va être transformée en prison. Veysel Pacha, le gouverneur de Sinop, y fait construire le bâtiment qui accueillera les prisonniers.
21 cellules disciplinaires y sont installées pour les hommes et deux prévues pour les détenues féminines. Des ateliers où sont effectués des travaux de reliure, de menuiserie, d’imprimerie, des tapis, etc, y sont aménagés.
Cette prison a vu passer de nombreux détenus politiques, notamment à la fin du 19ème siècle et au début du 20ème siècle. Le le plus connu fut assurément l’écrivain et poète Sabahattin Ali, incarcéré de mai 1933 à octobre 1933, pour avoir insulté le président. La visite d’une partie de la cour et de l’aile où est visible sa cellule se fait d’ailleurs de façon très originale. En effet, c’est en musique, en écoutant des airs célèbres écrits derrière les barreaux et transposés en chansons par des interprètes turcs aussi célèbres que Zülfü Livaneli ou Sezen Aksu.
Un autre prisonnier célèbre de Sinop est Kerim Korcan, victime du procès de l’école de guerre de 1938, qui a passé pas moins de 10 ans en ces lieux.
La prison a cessé ses fonctions en 1996 et fut transférée au Ministère de la Culture. Ouverte depuis 2000 à la visite, elle voit défiler aujourd’hui tous les jours un nombre important de personnes, que ce soit par le biais des tours opérateurs qu’en visites individuelles.
C’est assurément un site dont on ne ressort pas indemne de la visite et qui a le mérite de découvrir un univers dans lequel le commun des mortels n’évolue pas souvent, fort heureusement.
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